▪ only miss the sun when it starts to snow.

Une bourrasque, puis un appui. Un appui puis une bourrasque. De simples mots qu'elle employait pour désigner la légèreté que devait être un pas de danse. Une douceur que l'on fait progresser, un art que l'on ne cesse d'améliorer. Une beauté de corps et d'esprit, un ensemble qui s'accorde à l'harmonie de l'être. Un moyen de s'exprimer, une définition où les ressentis se déclinent un à un tantôt vers l'ardeur, tantôt vers la sérénité apaisante. Désormais, cette vision te parait bien simpliste surtout depuis qu'elle plus là. Son regard ne sera plus tourner vers l'enchainement des pas de ses élèves, ni mêmes de ses deux filles dont tu fais partie. Tu n'as jamais cru en rien si ce n'est en ce que tu pouvais entrevoir de tes propres yeux. Tu n'as jamais cru en rien et pourtant tu aspires à la voir subsister à un monde meilleur. Une illusion purement imaginaire certes mais qu'une certaine manière apaise la douleur d'un cœur encore meurtri de son absence. Un cœur qui oscille entre rancœur et injustice envers la vie. Si les anges existaient vraiment alors tu sais que la chaleur de ses iris aux couleurs de l'automne réchaufferait cette communauté où une place l'attendait. La vie n'est qu'une déception, année après année et ce en dépit des efforts. Ta figure maternelle n'était plus, arraché bien trop tôt, succombant au combat d'une maladie dont elle luttait avec espoir et patience. Le monde et son hasard sont injustes. Ils frappent comme la foudre et n'épargne personne. Pas même toi qui d'ordinaire si rayonnante d'énergie se mure dans un silence colérique et rancunier. Un mutisme que l'on prête à un mal être intérieur, à une dépression si l'on emploie les termes du médecin que ton frère a insisté pour que tu le vois. Tu t'y es plié à contre cœur, endurer une heure de visite ponctué de mots inutiles. Rien que de songer à réitéré l'expérience tu préfères chasser cette idée de ton esprit. Assise en tailleur sur la moquette de ta chambre, tu observes avec hostilité la pile de cartons qui t'entourent de part et d'autres. Ces boites contiennent tout le récit d'un passé, le chemin de nombreux souvenirs qui ont forgés celle que tu es mais que tu désires renier. Dans ta main, tu tiens ta toute première paire de chaussons de danse classique. Un présent que ta sœur ainée avait portée avant même que tu ne les portes. Des chaussons usés et fatigués par les années, mais une paire qui tient de son caractère héréditaire son petit facteur de chance. Un maigre sourire mélancolique éclaircit les traits de ton visage. Tu les caresses du bout des doigts avant de les poser à l'intérieur du dernier carton. Un énième tiroir de refermer, une porte que tu fermais à double tour, que tu mettais de coté. La danse et ses louanges seraient désormais derrière toi, bien loin au même titre que tes sourires qui se contentent d'être des esquisses suffisantes et inquiétantes auprès de tes proches. En prenant ses décisions, en faisant ses choix, tu t'éloignes un peu plus chaque jour de ceux qui forment ta famille. Ce cercle si confiant et aimant qui exprimait autrefois ta force intérieure. Ta foi se meurt doucement, petit à petit sans que tu ne le partages. N'as-tu pas peur de te perdre complétement Noe ? Que gagnes-tu à demeurer seule, en solitaire ? Rien de bon mais tu t'entêtes. Réveille-toi avant qu'il ne soit trop tard ! Cela tu n'as pas envie de l'entendre quand bien même ta conscience clame hautement la façon tu abordes les choses. On toque à la porte, un bruit qui te ramène à l'instant présent. La silhouette coutumière apparaît alors qu'il s'aventure à ton coté. Tu peux sentir son regard soucieux te scruter avec attention et prudence. Les cernes présentent sous ses yeux montrent combien il peine à trouver le sommeil comme si l'insomnie était contagieuse dans cette famille. « Tu remballes toutes tes affaires maintenant ? Qu'est-ce que tu fais ? Il faut que tu nous parles Noe, tu ne peux te laisser aller comme ça. Si maman était là elle ... ». Tu ne lui laisses guère le temps de finir sa réplique, trop emporté par la colère et l'amertume qui te taraudent. « Et bien elle n'est pas là, justement ! Alors il n'y a rien à dire de plus. ». Tonnes-tu en te levant avant de te diriger vers la porte de ta chambre. James croise les bras contre son corps avant de soupirer comme pour évacuer également sa patience que tu mets à rude épreuve. « En dépit de tout, tu as encore une famille et ça c'est ce qu'elle aurait voulu ma grande. ». Te dit-il doucement avant de poser une main protectrice sur ton épaule. Tu hausses les épaules comme détachée. « Seulement une fois de plus, elle n'est plus là. ». Tu quittes la pièce en silence. Prononcer son prénom, prononcer le mot qu'est maman t'est difficile, impossible. Tu n'avais plus l'occasion de les dire, ils devront au même titre que tes souvenirs être du passé.