baby i'm a nightmare dressed like a daydream

Tu es heureux ? quand on est assis en terrasse à refaire le monde avec eux, parfois, oui, j'ai l'impression d'être heureuse, quand cet idiot me sourit comme si j'étais la personne la plus importante, je me dis que ça a un petit gout de bonheur. Puis, je me réveille, seule, dans la prison dorée, j'entends la maternelle qui hurle après le patriarche et je sais, que le bonheur, c'est pas pour les forbes.
   Des tics, manies, superstitions ? il y a une superstition qui traine dans ma famille : toutes les femmes qui ne sont pas apprêtés finiront par être malheureuse. Alors j'ai appris, très vite, à toujours être impécable. A 8 ans, je me salissais pas dans le bac à sable. A 16 ans, je camouflais l'odeur de cigarette avec du parfum volé à maman. A 22 ans, je sais pas où j'en suis dans ma vie, mais je continue de paraitre parfaite.
   Raconte moi ta journée idéale ? la journée idéale commence avec un grand café noir, un nuage de lait et deux sucres. elle se continue avec lui, qui me dit que j'ai manqué à son lit. Tout sourire, j'échappe de la maison pour le rejoindre et je réussis à éviter le patriarche et ses conseils, la matriarche et ses remarques, les photographes et leur idiotie. Puis, je m'évade, ma main dans la sienne et pleine de courage, je le présente aux autres. On finit la soirée, assis sur un muret à refaire le monde en buvant du champagne à la bouteille.
   Tu emmènerai quoi sur une île déserte ? un maillot de bain, de la crème solaire, une bouteille de téquila et puis eux, parce qu'il semble impensable que je me retrouve sur une ile déserte sans eux.
   Tu aimes Woontucket ? ça dépend des jours. Parfois, j'ai l'impression que je pourrais y passer ma vie. Et puis, parfois, j'étouffe.

   break the ice
   « Désolé, mais toi et moi, ça peut pas durer. » Tu le fixes. Tu clignes des yeux. Une fois. Deux fois. Les mots t'échappent. Tu tombes de haut. Tu ne t'attendais pas à ça. Tu t'attendais pas à une déclaration d'amour, certes, mais la rupture ne faisait pas partie de tes projets pour la soirée. Ca fait deux ans que vous vous fréquentez. C'est ta première relation sérieuse. Ta première fois. Tu lui as tout donné. Sans concession. Tu l'as laissé s'immiscer dans ta vie. « Mais on peut rester amis. » Ca monte en toi, ça se répand dans tout ton corps, cette colère que seul lui sait faire naitre en toi. Pourtant, tu restes impassible. Tu refermes le pot du vernis que tu étais en train de te mettre. « D'accord. » Il semble interloqué. Il s'attendait peut-être à une autre réaction. Il s'imaginait peut-être que t'allais lui jeter le vernis à la tête. C'était pas l'envie qui manquait. Mais c'est pas dans tes gênes. Tu ne t'emportes pas. Tu ne laisses rien voir. Les sentiments, c'est une faiblesse chez les Forbes. Un rire finit par lui échapper. « Tu pourrais être géniale si t'étais pas aussi impassible. » Il te fait même l'affront de poser ses lèvres sur ton front avant de quitter la chambre. Le vernis finit par s'écraser sur la porte. A l'heure d'aujourd'hui, il y a toujours une tâche rouge cachée derrière un poster. Mais rien n'a changé.

« Vous avez commencé à boire sans moi ? » Tu t'incrustes entre les deux mecs, que tu considèrent comme les personnes les plus importantes de ta vie. « Passez-moi la bouteille, bande d'ingrats. » « Bonjour à toi aussi, Deb. » Tu roules des yeux tout en tendant ta main. Tu veux la bouteille. T'as besoin de sentir l'alcool te bruler la gorge et anesthésier tes sens. La matriarche s'est encore immiscée dans ta vie. Elle t'a organisé un rendez vous arrangé avec le fils de tu ne sais plus trop qui mais qu'importe au fond. T'as eu envie de lui dire à la matriarche que t'étais pas intéressée, qu'il y avait un mec qui faisait battre ton cœur un peu plus vite que les autres, mais elle n'aurait pas écouté. Un non n'avait pas suffi. Elle avait voulu des explications et t'avais fini par accepter, plutôt qu'avouer que t'avais craqué sur un serveur. « Bonjoooour. » que tu minaudes en battant des cils. Il passe son bras autour de tes épaules, dépose un baiser sur ton front et te passes la bouteille. Finalement, t'as peut-être pas besoin d'alcool quand t'es entouré par la bande. « Elle est où Gem' ? » que tu finis par dire, remarquant l'absence flagrante de ta meilleure amie. « Elle est au Jimmy's Dinner. Elle avait un rencard. » Tu te relèves. « Quoi ? » Un éclat de rire s'échappe des lèvres de l'homme à ta gauche. « Cramé. » Oops. « Je te raconterais plus rien. » que tu précises avant de le pousser. Salaud.