Pearl + Every day, every hour, turn the pain into power

Tu es heureux ? Non. Le poids des souvenirs est trop lourd a porter, je ne serais jamais heureuse. Jamais.
Des tics, manies, superstitions ? Je regarde constamment derrière moi, pour voir s'il n'est pas là, dans l'encadrement de la porte, s'apprêtant à venir me tuer, me frapper jusqu'à ce que je pousse mon dernier soupire.  
Raconte moi ta journée idéale ? Me lever. Que personne ne me pose de questions, que personne ne me regarde de travers. Faire mon boulot, et repartir chez moi.
Tu emmènerai quoi sur une île déserte ? De l'eau et un bouquin, ni plus ni moins.
Tu aimes Woontucket ? Une très belle ville avec des paysages magnifiques et des personnes accueillantes, tout ce que je recherchais en quittant Londres, ma ville natale.

break the ice
« We were born sick, you heard them say it »
A ma naissance, on m'a donné, tout comme on a donné à Aurore la beauté, la bonté et la virtuosité, le chagrin. Je n'ai jamais connu ma mère, élevée par un père qui s'occupait à peine de moi. J'ai grandi seule, m'occupant de moi-même, restant parfois des jours seule chez moi. Mon père était comme le vent, il venait parfois semer la terreur et repartait tout aussi vite en emportant sa tornade au loin. J'ai dû subir ses coups durant chaque année de ma vie, et j'ai dû les cacher pour que personne ne se doute de rien. « Qu'est-ce que tu as à la joue, tu es toute gonflée ? » « Oh, ça ? C'est rien, je me suis cognée, tu sais comme je suis maladroite. » Ma vie était un tissu de mensonges, je ne devais faire aucun faux pas au risque que toute la vérité leur soit servie sur un plateau d'argent. Les plaintes, les questions et les moqueries allaient à coup sûr s'en suivre, il fallait à tout prix éviter ça. Alors je supportais, je serrais les dents, je pleurais le soir dans mon lit. Qu'est-ce que j'avais fait ? Qu'avais-je fait pour mériter une vie telle que celle-ci ? Si ce n'était pas moi, pour qui est-ce que je payais ?

« Il est tellement plus simple d'attendre que la peine change d'avis. » La sentence était tombée. C'était à cause de ma mère, c'était sa faute si j'avais dû endurer tous ces coups, si j'avais dû faire semblant d'être quelqu'un d'autre durant chaque minute de ma vie. Qui pouvait s'imaginer que la fille souriante et chaleureuse que j'étais avec les autres craignait le moment où son père allait rentrer, ivre ? Le moment où elle allait s'écrouler au sol, car la douleur était trop intense, car les blessures non cicatrisées étaient trop nombreuses.
Et si je devais ravaler mes larmes lorsque l'on me posait des questions à son sujet, c'est sa faute à elle.
C'était une prostituée, mon père était tombé amoureux d'une prostituée. Une prostituée qui était tombée enceinte de lui. Oui, il le voulait son bébé, leur bébé. Il s'en fichait bien de savoir ce qu'elle avait pu être. Ce monstre était donc tombé amoureux un jour, mais il ne le méritait pas, il ne méritait pas de pouvoir connaitre le bonheur et l'amour. Alors le ciel lui a retiré sa chère et tendre, et tout lui a tout de suite paru moins beau. C'était en effet dur de s'occuper d'une petite fille alors qu'on était à moitié ivre ou sous l'emprise de la drogue, parfois même les deux en même temps. C'était plus simple de la frapper, de la laisser se débrouiller seule. C'est plus simple de battre un enfant que de l'aimer, c'est tellement facile de choisir la simplicité dans la vie.

« These tears that I cry may not mean nothing to anyone anymore but I still manage to over come all those sad sorrows that lay beneath my skin. » Je marchais, ivre, dans les rues de Londres. Les larmes ruisselaient sur mon visage, j'avançais sans savoir vers où. Je voulais juste partir, m'éloigner de ce monstre, je voulais juste avoir une vie normale, une vie comme toutes les autres filles de seize ans. Je voulais me réveiller et me rendre compte que toute cette vie de malheur n'était qu'un long cauchemar, mais je savais que ça n'arriverai pas. Je savaus que je ne serais jamais heureuse, pas avec tout ce que j'avais dû endurer. Ma vie allait resté un enfer, et ça jusqu'à ma mort. Jusqu'à ma mort.