(en langage des cils, mes grands yeux disent ainsi soit-il)

Tu es heureux ? Les utopistes et idéalistes vous diront qu'elle devrait l'être, tandis que les autres trouveront à redire. Fille unique, c'est au sein d'un couple aisé de Woontucket qu'Andie a vue le jour - gamine désirée, chérie et choyée au possible, son enfance fut rythmée par les tendresses de sa mère, les cadeaux de son père et les palpitants voyages au bout du monde en famille. Et du jour au lendemain le tableau de la parfaite petite famille tomba de son piédestal pour venir se briser contre ce que l'on surnomme affectueuse la réalité. Alors oui, elle était heureuse - il y a 15 ans de ça. Aujourd'hui elle se contente d'éclats d'allégresse et tente tant bien que mal de se frayer un chemin sur la longe route qui mène au bonheur.
Des tics, manies, superstitions ? Andie c’est une énigme – on ne sait jamais trop à quoi elle pense, elle dit oui puis non, elle sourit puis devient inexpressive, elle vous observe puis vous ignore, bavarde et se tait. De prime abord il est difficile de la comprendre voir même de la cerner, néanmoins tous s’accordent à dire que la belle est d’humeur changeante et indécise. ○ Avec Andie ce n’est jamais blanc ou noir, c’est bien souvent gris – et rares sont les points où l’avis de la belle est tranchée. ○ Andie c’est un cerveau, elle a beau être, ce que les scientifiques appellent communément, une “surdouée”, ses actes ne collent en rien avec l’image que le commun des mortels se fait de ses êtres au Q.I surdéveloppé. Bien au contraire ; Andie elle transpire le contraire. ○ Passionnée au possible, c’est au gré de ses envies et sentiments que la jeune femme agit - ses pulsions la bercent et rythment son petit quotidien. Ses actes et décisions sont pour la plupart pris sur des coups de têtes, et “réfléchir avant d’agir” semble être une expression prohibé du vocabulaire de la jeune femme. ○ Andie use et abuse du sarcasme - filtrer les mots qui peuvent découler d’entre ses lèvres n’a jamais été une priorité, ce qui fait d’elle une personne particulièrement franche (quand bien même si sa franchise s’apparente davantage à un enchaînement de remarques cinglantes). ○ Effrontée il n’est pas rare que ses mots dépassent de loin ses pensées, ni même de l’entendre s’exprimer de façon irrespectueuse face à ses aînés ou supérieurs.
Raconte moi ta journée idéale ? Elle commencerait par un réveil inattendu - ailleurs ou bien au-dessus d'une cuvette, dans un coin miteux comme sur une île paradisiaque. Ce jour là rien n'aurait d'importance, Andie se laisserait guider par ses envies et le destin n'aurait pas son mot à dire. Ce serait une journée hors du temps, près de ceux qu'elle aime. Sa mère serait là. Son père aussi. Ses amis, et le reste de sa famille.
Tu emmènerai quoi sur une île déserte ? De l'amour et de l'eau fraiche.
Tu aimes Woontucket ? Woontucket est le berceau de cette enfance insouciante qu'elle regrette, celui de ses premiers émois amoureux et de ses frasques d'adolescentes rebelles. Pour rien au monde elle ne quitterait sa petite bourgade qu'elle chérit tant, quand bien même elle y ai vécu des moments douloureux, Woontucket reste gravé en elle. Elle le sait, c'est ici qu'elle trouvera le bonheur auquel elle aspire - parmi son semblant de famille et sa bande d'amis.

break the ice
C’est seulement au moment où elle a raccroché qu’elle a réalisé où elle se trouvait : tandis qu’elle parlait avec son père en marchant dans ses rues désertes, bordées de belles maisons austères aux volets souvent clos, elle est arrivée, sans même s’en rendre compte, à l’entrée du cimetière. Comme souvent elle a hésité un instant ; à quoi cela servirait-il d’y retourner, sinon à remuer le couteau dans la plaie ? Et pourtant, inexplicablement, elle éprouvait le besoin de le faire. Sans chercher à comprendre, elle a glissé son portable dans son sac, et a poussé la grille.
Maintenant, elle avance dans l’allée en direction de la croix, regarde les sépultures, les unes chargées de fleurs, les autres toutes nues, et se récite en marchant les prénoms de ceux qu’elle s’apprête à visiter - Grace, sa grand mère paternelle, Mrs Sullivan, son professeur de littérature au collège, Alessandra, sa mère, et désormais Mrs Plunket, la mère de Tegan. Cela faisait maintenant quatre mois qu’elle s’en était allée et qu’avec elle une partie de Tegan s’était elle aussi envolée. Perdue dans ses pensées, c’est de peu qu’elle s’apprêtait à rater la tombe de sa mère. Lentement elle se laisse glisser, s’asseyant en tailleur face à ce bout de marbre sur lequel est gravé en lettre d’or l’identité de cette dernière. Aujourd’hui je suis tombé sur de vieilles affaires qui t’appartenait dans la maison de tante Rosie. Tu sais, j’ai beau y vivre depuis que tu n’es plus là, il m’arrive parfois d’avoir l’impression de ne pas y être chez moi. Pourtant avec le temps je m’y suis habitué - enfin, c’est ce que je pensais. Elle marque une pause et caresse fébrilement le pendentif qu’elle porte au cou. Je ne vois plus tellement Papa ces derniers temps. Il ne revient plus aussi souvent qu’avant à Woontucket. Quand je suis venue habité chez tante Rosie il venait me rendre visite au moins une à deux fois par semaine, aujourd’hui c’est à peine si je le vois une fois par mois. Tu lui manques et je sais que quand il me regarde c’est ton visage qu’il voit - alors j’arrive à lui pardonner, j’arrive à passer outre ses absences et à rester forte pour l’aider à se sortir de son problème avec l’alcool. C’est ce que tu voudrais non ? Que l’on s’en sorte même sans toi. Que l’on continue à être une famille unie. Ses paupières se ferment et elle sent sa gorge se serrer. Mise à part ça je pense être heureuse finit elle par lâcher dans un faible sourire. J’ai encore un semblant de famille et des amis. Je crois même être amoureuse tu sais. Je voudrais tellement que tu sois là Maman, tu m’empêcherais de faire et refaire les mêmes erreurs et je suis même sûr que tu saurais exactement ce que je dois faire pour aider Tegan et Cody. Tu m’aurais aussi empêcher d’acheter un chiot parce que je suis trop immature pour m’occuper d’une autre créature que moi. Je passerais te déposer des lèvres après demain, je t’aime.