To infinity and beyond (Raphael)

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Ils venaient tout juste de franchir les petites palissades du parc et Cody ne tenait déjà plus en place. Si on retournait un an en arrière pour lui dire qu’il allait troquer une partie de ces soirées à écumer les bars avec Raph pour aller jouer dans les bacs à sables avec les gamins du coin, Cody ne l’aurait jamais cru. Et pourtant. Qu’est-ce qu’ils pouvaient s’éclater en venant ici. Il n’y avait pas l’adrénaline des engueulades avec les pochtrons du coin, mais plutôt avec les mamans des gamins qui venaient lui donner des coups de pieds pour laisser la place sur les balançoires. Mais depuis la naissance d’Ivy, enfin, depuis qu’elle était capable d’être sortie dans une aire de jeux, il fallait bien avouer que Raph et Cody étaient devenus les rois du bac à sable. Et surtout, quand ils se rendaient au parc, il était inutile de préciser qu’ils attiraient tous les regards. Premièrement, parce qu’Ivy était la plus belle avec son gilet à capuche tête d’ourson, aucun autre bébé ne pouvait lui arriver à la cheville. Sérieusement, Cody savait que toutes les mamans jalousaient le style de la petite. Deuxièmement, parce qu’ils étaient surement les deux seuls mecs célibataires de tous le parc. Ce qui était un avantage face aux jeunes mères célibataires. Ou face aux copines accompagnatrices. Sauf lorsque ces dernières pensaient que Raph et Cody étaient ensemble et qu’elles venaient les féliciter pour leur si jolie petite fille. True stroy. Et d’un autre côté, ces sorties étaient une vraie bouffée d’air frais pour Cody. Il pouvait oublier à quel point sa mère lui manquait. Et plus égoïstement, pendant quelques secondes il arrêtait de s’inquiéter pour Tegan et portait toute son attention et son énergie sur la petite.

Il se pencha vers la poussette et prit la petite Ivy dans ses bras tout en la berçant doucement. Même si il ne le criait pas sur les toits, Cody adorait les gamins. Même ses abrutis d’élèves au lycée. Mais Ivy restait la meilleure. Il porta une main à son front en guise de visière et scruta tous le parc. Il n’y avait pas trop de monde et la majorité de ses jeux préférés étaient libres. Enfin des jeux de la petite. Enfin. Bref. Puis il se retourna vers Raph. « Bon. Parlons peu mais parlons bien. On commence par quoi ? ».

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Depuis maintenant six mois, l'anglais avait cette impression de sortir tout l'attirail. Il sortait beaucoup plus lourd qu'autrefois. D'une certaine manière, on pouvait dire que ça lui faisait les muscles. Sacs de toilettes, sacs à jouets, biberons, couches, le doudou plus communément appelé "Sophie La Girafe", la petite tutute rose à fleurs et encore beaucoup d'autres choses. Il avait toujours cette impression qu'il allait lui manquer. Trop stressé de ne pas avoir pris assez de réserve, trop obnubilé par la peur d'avoir oublié quelque chose pour son petit ange. Alors à chaque sortie prévue, il faisait le sac, le défaisait et le refaisait encore et encore. Résultat, le jeune homme partait avec quelques minutes voire de grandes minutes de retard et avec beaucoup trop d'affaires. Mais sait-on jamais. Depuis maintenant six mois, toute sa vie avait changé. De par ses habitudes à sa manière de penser. Tout tourné pratiquement autour d'Ivy, mais pour autant, il ne s'en plaignait ça. Une vocation ? Il ne regrettait en rien la venue de ce petit amour. Autrefois à penser qu'à lui, à sortir faire la fête chaque soir, à faire la tournée des bars avec sa bande de copains, il ne pensait maintenant plus qu'à bébé. Terminer la débauche. Ses sorties quotidiennes dans le coin des alcoolos comme avec Cody s'étaient transformées en partie de courses de poucettes, de glissade du plus rapide sur le toboggan à celui qui ira le plus haut en se balançant sur la balançoire. Mais encore une fois, il adorait ça. Il adorait ce revirement de situation. Il adorait voir le sourire de son bébé, sa petite tête encerclée par les oreilles de sa capuche ourson. Souvent, on les avait pris pour un petit couple. Grosse erreur, tellement embarassant sur le coup mais tellement amusant après respiration et regard entre eux. Être papa célibataire, n’attirait pas que les jolies demoiselles lorsqu'il était accompagné du parrain Cody. Ça pouvait marcher quelques fois. Toutes sous le charme de la petite, admiratives de voir le papa, soutenu par l'un de ses meilleurs amis, venir au parc. Au fond, Raph savait pertinemment que le parc pourrait devenir un endroit de chasse. Qui n'en profiterait pas ? Il pouvait même soupçonner son ami, lui le premier.

L'homme était complétement gaga de sa fille, comme pouvait l'être Cody, son ami de toujours, alors qu'il l'a regardé la sortir de sa poussette pour la prendre dans ses bras. Lui de son côté, continuer de se battre avec la poussette pour la faire rouler sur les cailloux, avant de relever la tête vers lui puis vers l'air de jeu pour enfant. Il marqua un silence, un semblant de décision importante à prendre. Y a la bascule grenouille qu'est libre aujourd'hui. Proposa l'anglais en scrutant à travers ses lunettes de soleil le parc à moitié plein. Il se souvenait à quel point, ils avaient eu du mal à dégager deux autres enfants la dernière fois. Le truc totalement addictif. Si on se dépêche, on va pouvoir le piquer au gosse en vert et à son copain à lunette, là-bas qui se dirigent tout droit dessus ! Les mains serrées autours du guidon de la poussette, il était déjà prêt à foncer.

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Les meilleurs jeux étaient toujours les plus prisés. Cody se souvenait encore le temps qu’il avait passé à attendre pour pouvoir grimper sur la structure en bois façon bateau de pirate. Pour finalement se faire engueuler par une grand-mère parce qu’il prenait trop de place et empêchait les autres petits de monter. Et il ne parlait même pas du toboggan géant, qui avait une file d’attente digne de Disneyland. « Y a la bascule grenouille qu'est libre aujourd'hui ». Cody tourna directement les yeux vers la fameuse bascule. Ce devait être leur jour de chance, elle était quasiment tout le temps occupée. Ils n’avaient pu monter dessus qu’une ou deux fois depuis qu’ils venaient au parc. Enfin, faire monter Ivy dessus. « Si on se dépêche, on va pouvoir le piquer au gosse en vert et à son copain à lunette, là-bas qui se dirigent tout droit dessus ! ». Il repéra les deux cibles. Effectivement, ces deux-là étaient bien trop proche de la bascule. Il fallait agir et vite. Il posa les yeux sur Ivy, qui le regardait d’un air interrogateur. « Ivy, leçon importante du jour. Toujours viser le gamin à lunette en premier, ce sont les plus faibles ». Oui, il ne l’avait pas encore dit à Raph, mais il avait l’intention de transformer sa gamine en terreur des bacs à sable. Histoire qu’elle reprenne son flambeau. En faire une gamine de caractère qu’il pourra choyer tandis que son pote s’occupera de la disputer. Oui, Cody veut juste les bons côtés. C’était ça être parrain non ? Puis il regarda Raph. Il était déjà en position de départ, mais il savait qu’avec la poussette, il prendrait plus de temps. La réussite de la mission bascule grenouille reposait sur lui. Il prit alors une grande inspiration et leva son poing, comme les grands conquérants. « GO ». Malheureusement, il ne pouvait partir comme un dingue avec la petite dans les bras. Mais un pas taille Cody était l’équivalent d’au moins 5 pas de mioche à lunette. Il avait donc toutes ses chances. Il arriva devant le binoclard et se racla la gorge. Le mioche se décala tout de suite. Trop facile. Derrière lui se trouvait son copain au t-shirt vert. Cody pouvait lire dans son regard que celui-ci serait plus coriace. Il se posta face au gamin, tout en gardant la petite Ivy dans ses bras. Ils étaient face à face. Se regardant droit dans les yeux. Comme dans un duel de cow-boy. Doucement, il vit le petit tendre son bras vers la bascule. Lentement. Cody était bloqué avec la petite dans les bras. Il fit un pas en avant vers le gamin et le toisa. « N’y pense même pas petit ». Oui, la tension était à son comble.

» you gotta stay together (raphael)